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gens, qui envahissent notre demeure à la faveur de l’obscurité de la nuit ? Sortez-vous des entrailles de la terre ou êtes-vous descendus du ciel. Que voulez-vous ? »

« Le coït ! » répondirent-ils.

« Avec laquelle ? » reprit Zohra.

« Avec toi, ô prunelle de mes yeux, » dit alors Abou el Heïdja en s’avançant.

Zohra. — « Qui es-tu donc ? »

Abou el Heïdja. — « Je suis Abou el Heïdja. »

Zohra. — « Mais d’où me connais-tu ? »

Abou el Heïdja. — « C’est moi qui t’ai rencontrée à la chasse en tel endroit. »

Zohra. — « Mais qui donc a pu t’amener ici ? »

Abou el Heïdja. — « La volonté de Dieu très élevé ! »

Sur cette réponse, Zohra garda le silence et se mit à réfléchir au moyen qu’elle pourrait bien employer pour se débarrasser de ces importuns.

Or, parmi les vierges qui se trouvaient là, il y en avait plusieurs qui étaient barrées[nde 1] et que personne n’avait pu parvenir à déflorer ; il y avait aussi une femme nommée Mouna منى (celle qui satisfait les désirs), que personne ne pouvait rassasier de coït. Elle pensa alors en elle-même : « Un stratagème peut seul me délivrer de ces gens. Au moyen de ces femmes je vais leur imposer des conditions qu’il leur sera impossible de réaliser et je les éconduirai ainsi. » et s’adressant à Abou el Heïdja, elle lui dit : « Tu ne me posséderas que si vous remplissez les conditions qu’il me plaira de vous imposer. » Les quatre cavaliers s’empressèrent de les accepter d’avance, et elle continua : « Mais si vous ne les remplissez

  1. (i″) Note de l’éditeur. Littéralement « enferrées » مصفحات mousefahate.