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verras leur vapeur devenue assez intense pour en imprégner l’eau[1], assieds-toi sur ton trône et envoie prévenir la prophétesse, afin qu’elle vienne te trouver dans ta tente où elle sera seule avec toi. Quand vous serez ainsi réunis tous les deux, et qu’elle sentira les parfums, elle se délectera, tous ses os se relâcheront dans un mol abandon, enfin elle se pâmera. Quand tu la verras dans cet état, tu lui demanderas ses faveurs : elle te les accordera sans hésiter. Lorsque tu l’auras possédée, tu seras délivré de l’embarras qu’elle te cause avec son goum. »

Moçaïlama s’écria : « Tu m’as dit une bonne chose. Par Dieu ! ce conseil est favorable et l’avertissement salutaire. » Il fit ensuite tout ce que lui avais dit le cheikh.

Dès qu’il vit la vapeur des parfums devenue assez intense pour imprégner l’eau qui se trouvait dans la tente, il s’assit sur son trône et fit prévenir la prophétesse. Lorsqu’il la vit s’avancer vers lui, il ordonna de la faire entrer dans sa tente ; elle entra et il resta seule avec elle. Il l’engagea à parler.

Pendant que Moçaïlama lui adressait la parole, elle perdait toute présence d’esprit ; elle était interdite et comme stupéfaite.

Lorsqu’il la vit dans cet état, il comprit qu’elle désirait le Coït ; il lui dit : « Allons, lève-toi pour que je te possède, cet endroit a été préparé à ton intention. Si tu le désires tu te coucheras sur le dos, ou bien tu te placeras à quatre pattes, ou enfin tu prendras la position de la prière, à genoux, le front courbé

  1. (24) C’est-à-dire que les vapeurs du parfum auront dû séjourner assez longtemps dans l’air et être assez intenses pour communiquer leur odeur à de l’eau placée dans la tente. Dans le texte, il y a seulement « lorsque l’eau sera mêlée à la fumée ».