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Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/76

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verres remplis de vin. Ils buvaient et mangeaient, et il était facile de voir qu’ils étaient dans l’ivresse.

Comme le roi s’ingéniait afin de découvrir un moyen de sortir d’embarras, il entendit une femme qui disait à une de ses compagnes, en l’interpellant par son nom : « Ô une telle ! lève-toi, allume un flambeau pour que nous allions nous coucher toutes les deux, car le sommeil nous a gagnées. Allons, allume le flambeau et retirons-nous dans l’autre chambre. »

Elles se levèrent alors et soulevèrent la portière pour sortir. Le roi se cacha pour les laisser passer ; puis, ayant remarqué qu’elles avaient quitté leur chambre afin d’aller accomplir la chose nécessaire et obligatoire pour le genre humain[1], il profita de leur absence pour entrer dans leur appartement et se cacher dans un cabinet.

Cependant son cœur était dans l’anxiété à cause de ses compagnons, et ceux-ci étaient également dans l’inquiétude, et ils disaient : « le roi joue avec sa vie ! »

Pendant que le roi était ainsi caché, les femmes rentrèrent et fermèrent les portes. Leur raison était obscurcie par les fumées de l’ivresse : elles se dépouillèrent de ce qu’elles avaient de vêtements et se mirent à se caresser mutuellement[2].

Le roi se disait : « Omar m’a dit la vérité sur cette maison de malheur, source de débauches. »

Quand ces femmes furent endormies le roi se leva, éteignit la lumière, ôta ses vêtements et se coucha entre elles deux. Il avait eu soin, pendant leur

  1. (44) C’est-à-dire : pour aller à la garde-robe.
  2. (45) Le texte porte littéralement : elles se mirent à se coïter mutuellement.