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Page:Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée.djvu/79

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conversation, de graver leurs noms dans sa mémoire. Il put donc dire à l’une d’elles : « Ô une telle, où as-tu mis les clefs des portes », en parlant tout doucement. La femme lui répondit : « Dors, ô putain ! les clefs sont dans leur endroit ordinaire. »

Le roi répéta en lui-même : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu le très élevé, le très miséricordieux ! » et il était dans le plus grand embarras.

Il insista de nouveau auprès de la femme pour avoir les clefs, en ces termes : « Le jour s’approche, il faut que j’ouvre les portes. Voilà le soleil qui va se lever, je vais ouvrir la maison. » Elle lui répondit : « les clefs sont dans leur endroit habituel. Mais qu’as-tu donc à me tourmenter ainsi : dors, jusqu’à ce qu’il fasse jour. »

Le roi fit, de nouveau, l’invocation : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu le très élevé, le très miséricordieux ! et certainement, sans la crainte de Dieu, je leur passerais mon sabre au travers du corps ! » Puis, il recommença à dire : « Ô une telle ! » Elle répondit : « Plaît-il ? » « Je suis inquiet, dit le roi, au sujet des clefs. Apprends-moi où elles sont posées. » Elle lui répondit : « Ô garce ! est-ce que ton vagin te démange et le coït te tarde ? Tu ne peux donc attendre une seule nuit ? Vois ! la femme du Vizir a résisté à toutes les instances du nègre, et voilà six mois qu’elle les repousse. Va-t’en ! les clefs sont dans la poche du nègre. Ne lui dis pas « donne-moi les clefs » mais dis-lui « donne-moi ton membre ». Tu sais que le nègre s’appelle Dorerame. »

Le roi garda ensuite le silence, car il comprit ce qu’il avait à faire. Il attendit un peu, jusqu’à ce que la femme fût endormie ; puis il prit les