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LE JARDIN PARFUMÉ

fit attacher aux bureaux arabes en qualité de Crodja (secrétaire).

Sid-el-Adj ben Turqui, le seigneur pèlerin, appartenait à une ancienne maison de Stamboul ; il avait occupé, du temps des Turcs, une position influente dans l’administration algérienne ; mais après l’envahissement des Français, il s’était entièrement voué aux choses pieuses, laissant les hommes pour ne s’occuper que de Dieu. Il passait les derniers jours de sa vie sur la route de La Mecque et prétendait gagner encore de longues années d’existence à ces saints mais fatigants pèlerinages : car Allah, disait-il, laisse les bons sur la terre pour servir d’exemple.

C’était un vieillard de 70 ans, à la démarche vénérable ; sa barbe blanche, bien soignée, tombait soyeuse sur sa poitrine ; son regard était doux et bienveillant et sa parole affectueuse.

En Orient, les sages prétendent que l’on connaît la valeur d’un homme à l’histoire de ses aïeux et le caractère d’une femme à l’éclat de son œil. C’est pourquoi je ne vous parlerai pas de la famille de Nefissah, mais seulement d’elle-même.

Néfissah est une superbe créature ; sa taille souple quoique forte, rappelle les statues antiques ; elle