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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/161

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LE JARDIN PARFUMÉ

vieille en balançant sa queue, puis elle se mit à manger. L’Adjousa embrassait la bête, passait ses mains sur son dos et disait :

— Ô ma pauvre sœur, je t’ai donc enfin retrouvée, il y a si longtemps que je te cherche que mes cheveux ont eu le temps de blanchir.

Et la maîtresse de la maison, ne comprenant rien à ce qui se passait, regardait avec étonnement :

— Ma mère, dit-elle, connais-tu donc cet animal ?

Mais l’autre, faisant semblant de pleurer, ne disait mot et continuait à flatter la bête.

— Mais réponds-moi donc.

— Ma fille, dit enfin la vieille, cette chienne, il y a longtemps de cela, était mon amie, car alors elle était femme. Un jour, on vint nous prier toutes deux d’assister à la fête d’une de nos parentes ; nous eûmes bientôt revêtu nos plus brillants habits pour faire honneur à celle qui nous conviait. Ma sœur, ainsi parée, était jolie à ravir ; sa beauté étincelante et son regard limpide avaient la grâce de ton délicieux visage, et lorsque je te regarde, il me semble encore la voir. Mon amie rencontra, ce soir-là, un beau jeune homme