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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/231

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LE JARDIN PARFUMÉ

Puis, saisissant une verge, il l’en frappa jusqu’à la briser, en prit une autre et le roua d’une cinquantaine de coups, au point de lui rompre les reins. La mère et la sœur de Bahia accoururent pour le tirer des mains de ce furieux. Il avait perdu connaissance. Heureusement, elles parvinrent à emmener le mari hors de la chambre.

La mère de Bahia ne tarda pas à revenir, et, s’approchant de lui, lui parla si longuement qu’il était près d’être suffoqué de tout ce qu’elle lui disait, car il ne pouvait que se taire et pleurer. Elle terminait en disant :

— Aie confiance en Dieu et obéis à ton mari. Quant à ton amant, il ne peut venir te voir maintenant pour te consoler, mais je t’enverrai ta sœur pour te tenir compagnie.

Puis elle partit.

Elle lui envoya, en effet, la sœur de Bahia, qui se mit à lui prodiguer les consolations et à maudire celui qui l’avait frappé. Elle pleurait, et lui gardait le silence. Il sentait que son cœur s’attendrissait pour elle, car ses yeux lui avaient appris qu’elle était d’une beauté éblouissante, qu’elle réunissait toutes les perfections et qu’elle ressemblait à la lune dans la nuit de sa plénitude. Il posa alors la