Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/121

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broderie, courut à sa fille, et la serrant dans ses bras :

« Tu te fâches ? dit-elle. Eh bien, n’en parlons plus. La partie n’est pas égale entre M. de Penneville et son oncle. L’un te plaît…

— Vous n’avez jamais le mot juste… Il ne me déplaît pas.

— Et l’autre te déplaît.

— Mon Dieu ! il me déplaisait.

— Bien ! les voilà de niveau et de plain-pied, logés à la même enseigne. Les paris sont ouverts.

— Vous avez raison, je finirai par me fâcher sérieusement, » répliqua Mme Corneuil, qui alluma une bougie pour se retirer dans sa chambre.

Elle allait sortir, elle s’approcha d’une fenêtre, contempla un instant la voûte étoilée, comme pour y chercher une inspiration. Puis elle dit à sa mère d’un ton résolu et solennel :

« Soyez certaine que je ne consulterai que mon cœur. Si vous vous méprenez sur mes sentiments, je me réserve le droit de vous désavouer. »

Mme Véretz l’embrassa de nouveau, en lui disant :

« Tu es un vrai roi de Prusse, toi ; tu parles de ton cœur, de ta conscience ; tu laisses faire en te réservant de désavouer. Allons, je serai ton Bismarck. »