Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/130

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Depuis vingt minutes bien comptées, il lisait. On l’écoutait ou l’on paraissait l’écouter. Le joli salon du chalet était situé au rez-de-chaussée, et, la soirée étant tiède, on avait laissé la fenêtre ouverte. S’il y avait eu des passants, le bruit de leurs pas aurait pu le déranger ; mais, grâce à Dieu, il ne passait personne. Jacquot et sa trompette s’étaient retirés dans leur mansarde où ils dormaient paisiblement dans les bras l’un de l’autre. Les oiseaux du parc étaient convenus de se taire pour pouvoir mieux l’entendre, sans perdre un mot ; il est vrai qu’on était dans la saison où ils ne chantent pas. Du sein des demeures éthérées, les étoiles, ces habitantes de l’éternel silence, lui jetaient un regard ami. Il lisait avec dignité, avec feu, avec conviction, mais avec modestie. De temps à autre, il s’arrêtait pour dire :