Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/175

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ne vous en déplaise, je reçus un second bouquet.

— Et un second bijou ? lui demandai-je.

— Je vous ai déjà dit que j’avais renvoyé l’autre. Quant au second billet, il était plus court que le premier ; trois lignes en tout, que voici : « Quand vous parlez, je voudrais vous entendre toujours parler ; quand vous chantez, je voudrais que vous fissiez tout en chantant, et si jamais je vous voyais danser, je voudrais que vous fussiez une vague de la mer, afin que vous ne fissiez jamais que danser. »

— Oh ! pour le coup, lui dis-je, je suis bien trompé ou ceci est du Shakespeare. J’en suis fâché, mon enfant, mais l’amour qu’avait pour vous l’inconnu était de l’amour littéraire et appris, et j’aime à croire que vous ne lui avez rien accordé avant qu’il ait réussi à vous servir quelque chose de son cru.

— Attendez, poursuivit-elle. Le troisième billet, qui accompagna le troisième bouquet, ne ressemblait pas aux deux autres. L’écriture en était bizarre ; c’étaient de grandes pattes d’araignée, qui montaient de la cave au grenier. Je m’y repris à deux fois pour les déchiffrer, et je lus ceci : « Je vous en conjure, dites oui, et vous sauverez la vie à deux hommes. Demain soir, au moment