Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/187

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il se présenta le lendemain ; je n’y étais pas.

— Mais le surlendemain, vous y étiez, interrompis-je, et il y eut dans le monde un homme heureux de plus. »

Cette parole malencontreuse causa à Mlle Perdrix un mouvement de violente indignation. Elle se leva brusquement, repoussa du pied sa chaise qu’elle renversa, et je crus que je ne saurais jamais la fin de son histoire.

« Je m’en vais, dit-elle, et vous ne me reverrez plus. La vérité vraie, docteur, vous êtes par trop impertinent. Le surlendemain ! Voilà ce que c’est que d’être médecin, d’exercer un métier qui oblige à voir mauvaise compagnie. Vous ne croyez plus à la vertu des femmes. Il n’y a donc point de principes dans ce monde, point d’honnête fille ! Me confondez-vous par hasard avec telle ou telle qu’on pourrait nommer ? Ne savez-vous pas que j’ai été élevée au couvent, moi qui vous parle, que j’y ai reçu l’éducation la plus soignée, la plus distinguée, que j’y ai appris la grammaire, l’astronomie, tout ce qu’apprennent les demoiselles du plus beau monde ? Le surlendemain ! Pour qui me prenez-vous ? Sachez, pour votre gouverne, que je l’ai fait languir, ce pauvre homme, pendant huit grands jours.