Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/209

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« Dieu ! que ces violettes sentaient bon ! et que ces cheveux bruns étaient doux à la main ! N’en sois pas trop avare ; il faut qu’il y en ait assez pour que je puisse les pétrir dans mes doigts. Je fermerai les yeux, et je croirai que tu es là. »

« Docteur, après avoir lu cette lettre, je fis ce que vous auriez fait à ma place, je me coupai une grande boucle de cheveux… Tenez, on voit encore l’endroit, ils n’ont pas tout à fait fini de repousser. Il a dû les recevoir, je m’étais beaucoup appliquée en copiant l’adresse. Depuis, il s’est écoulé près de deux années, et je dois me rendre cette justice que, pendant la première, j’ai pensé au bel Edwards une fois au moins chaque semaine ; mais, pendant la seconde, je n’y ai guère pensé qu’une fois par trimestre. Dame ! j’étais devenue une fille raisonnable, très raisonnable. Vous savez ce que tout le monde dit de moi. Il faut bien que l’expérience serve ; ma petite fugue en Italie m’avait fait beaucoup de tort. Les directeurs refusaient de me prendre au sérieux, impossible de trouver un engagement. Mais, à force de me remuer, j’ai réussi à me refaire une situation. La féerie n’est pas mon genre, j’étais née pour l’opérette. Je n’ai pas besoin de vous dire où j’en suis maintenant, me voilà tout à fait lancée et même classée. Croiriez-vous qu’ils