Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/21

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les soignes, comme tu les choies ; mais ce que fait ta main droite, ta main gauche n’en saura jamais rien. J’ignore si Mme Corneuil a souvent vu des pauvres ou des pauvresses ; en revanche, elle va, elle vient, elle se remue, elle s’intrigue, elle pérore, elle est de six comités, de douze sous-commissions ; c’est une quêteuse incomparable, une caissière très experte, une trésorière fort entendue, une vice-présidente accomplie. Oui, ma chère, on assure que personne ne préside comme elle. Voilà de fameux placements et le meilleur moyen de se pousser dans le monde. J’ajoute que, si elle ne fait plus de vers, elle n’a pas renoncé à la prose. Elle a composé un éloquent traité sur l’Apostolat de la femme, qui se vend au profit d’un nouvel hospice et qui en est à sa cinquième édition. Les sonnets étaient sublimes ; son traité est plus que sublime. C’est un amalgame des tendresses de saint François de Sales et des spiritualités de sainte Thérèse ; jamais on n’a tenu la dragée si haute à notre pauvre espèce humaine ; ce n’est plus de l’air respirable, c’est du pur éther. Je serais curieux de savoir ce qu’en ont pensé M. Corneuil et Périgueux.

« Le joli garçon qui m’a fourni ces détails s’en expliquait sur un ton railleur ; je m’avisai de lui demander… Il m’interrompit en me disant : « On