Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/27

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tête-à-tête. En haut du manuscrit, on voyait un héroïne au visage jaune, aux cheveux peints en bleu, au front orné d’un bouton de lotus et d’un grand cône blanc. Je posai le doigt sur une des colonnes rétrogrades, et je dis à ce cher enfant : « Grand déchiffreur, que peut bien signifier ce grimoire ? » Il me répondit sans se fâcher : « Mon cher oncle, ce grimoire, qui, ne vous en déplaise, est fort limpide et de la plus haute importance, signifie que l’intendant des troupeaux d’Ammon, grammate principal, Amen-Heb le véridique, et sa femme qui l’aime, la dame qui fait toutes ses délices, Amen-Apt la véridique, présentent leurs hommages à Osiris, habitant la région occidentale, seigneur des temps, à Ptah-Sokari, seigneur du tombeau, et au grand Tum, qui a fait le ciel et créé les essences qui sortent de la terre… » Je l’écoutais avec tant d’intérêt que le lendemain il pensa m’obliger en m’envoyant toute l’histoire d’Amen-Heb couchée par écrit. Je la relis une fois chaque année à la Saint-Horace. M’accusera-t-on de négliger mes devoirs de grand-oncle ?

« Ne le nie pas, ma chère, cette fureur faisait ton désespoir. De quoi te plains-tu donc ? Voilà un garçon à demi sauvé. C’est le Ciel qui l’a adressé