Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne fait rien à l’affaire. Je fouille dans mes souvenirs, j’y trouve une femme jaune paille ou bien je la vois passer dans la rue et je la prie de monter, en lui disant : — Madame, vous êtes nécessaire à mon bonheur, vous êtes la tache que je cherche.

— Sans calembour ! dit M. Taconet.

— Je suis si bête que je ne les comprends pas, et l’amour non plus, je ne l’ai jamais compris. L’amour, c’est le vieux jeu, c’est bon pour les peintres d’intérieur ; mais qu’en pourrions-nous bien faire, nous autres de l’école du plein air ? Eh ! que diable, est-on amoureux d’une tache ? »

M. Drommel le regardait avec une admiration mêlée de stupeur.

« Il serait donc vrai, joli garçon, que jamais ?…

— Jamais, interrompit-il. D’ailleurs je suis trop occupé.

— Sauf les dimanches et jours de fête, dit M. Taconet.

— Jamais, vous dis-je, au grand jamais, et je ne permets à personne d’en douter. Il se peut que dans trente ans d’ici, sur mes vieux jours… Ce sera la preuve que je serai ramolli.

— Il est vraiment prodigieux ! dit M. Drommel au prince de Malaserra.