Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/285

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« Qui est le sot ? »

Lestoc s’élança vers lui, et lui mettant la main sur la bouche :

« Chut ! ne nous trahissez pas, il est ici tout près. »

M. Drommel promena son regard autour de lui ; il aperçut M. Taconet, qui faisait un tour dans le potager.

« Vous avez mille fois raison, dit-il, et, qui pis est, c’est un sot hargneux et malfaisant. Je ne comprends pas que Mme Drommel fasse difficulté d’en convenir.

— Il est des choses, répondit Lestoc, qu’on pense sans oser les dire. »

M. Drommel retourna dans son allée, où il continua de prendre des notes, jusqu’à ce qu’on vînt l’avertir que la voiture était avancée, que le prince de Malaserra l’attendait. Il se dirigea de nouveau vers le kiosque pour prier sa femme de retoucher son nœud de cravate ; il tenait à faire honneur à son noble ami. Cette fois, le petit Lestoc disait avec un accent très doux, mais très délibéré :

« Je vends toujours à prix fixe. Par exception, je consens à vous faire un rabais. J’en demandais quatre, il m’en faut trois ; mais c’est mon dernier mot, et j’entends être payé comptant. »