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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/288

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une couleur toute particulière, celle qu’il a les jours de fête.

— Je m’informerai tantôt, lui répliqua-t-il, s’il y a dans le voisinage quelque hospice d’aliénés. Je viendrai t’y voir en passant à mon retour d’Italie. »

Une guêpe indiscrète voltigeait autour de son front, Mme Drommel la chassa d’un coup d’éventail. Puis elle contempla ce vaste front qui portait un monde, et il lui parut qu’il y avait quelque chose d’écrit. En sa qualité de femme de savant, elle respectait les écritures. Elle voulut pourtant en avoir le cœur net.

« Sais-tu quoi ? dit-elle. Je suis horriblement jalouse de ce prince à qui tu me sacrifies durant toute une journée. Si je te disais que je meurs d’envie de voir Fontainebleau et si je te suppliais de m’emmener, gageons…

— Ne gage pas, ma chatte, tu perdrais. Les femmes sont quelquefois de grands trouble-fête.

— Décidément tu ne veux pas m’emmener ?

— Non, et voilà celui qui veut, dit-il en se frappant la poitrine à tour de bras ; voici celle qui obéit. »

Il lui prit la main, et, comme dans la forêt, il effleura négligemment de ses grosses lèvres des ongles