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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/29

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Le surlendemain, le marquis de Miraval reçut de sa nièce la courte réponse que voici :

« Mon cher oncle, votre lettre et les renseignements que vous avez eu l’obligeance de me procurer ont redoublé mon inquiétude. Ne doutez pas un seul instant que le jeune homme qui s’est brouillé avec Mme Corneuil n’ait dit vrai ; c’est à une intrigante que nous avons affaire. Pourquoi faut-il qu’Horace se soit laissé prendre dans ses filets ? Depuis que j’ai eu le malheur de perdre mon mari, vous avez été dans tous les cas importants mon seul conseil et mon suprême recours. Jamais je n’ai eu plus besoin de votre assistance. Je sais qu’il est cruel de vous arracher à votre cher Paris ; mais je connais vos bons sentiments à mon égard, votre sollicitude pour les intérêts de notre famille, votre amitié presque paternelle pour ce pauvre et absurde Horace. Je vous en supplie, venez me trouver à Vichy ; nous aviserons ensemble. Je vous appelle et je vous attends. »

Mme de Penneville avait raison de croire qu’il en coûtait à son oncle de quitter Paris ; depuis qu’il n’était plus diplomate, il ne pouvait se souffrir ailleurs. Dans les mois brûlants de l’été, alors que tout le monde s’en va, il n’avait garde de s’en aller. Il préférait aux plus belles sapinières les