Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/317

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Il survient quelquefois dans la vie des circonstances si bizarres, si étranges, si imprévues, que le premier mouvement est de ne pas croire. On n’y est plus, on ne se reconnaît pas. On se dit : Où suis-je ? est-ce bien moi ? — Et on se frotte les yeux pour se réveiller ; mais, pour se frotter les yeux, il faut avoir les mains libres, et c’est un bonheur que n’a pas tout le monde.

M. Drommel demeura d’abord confondu, comme éperdu de son aventure. Le coup l’avait étourdi, hébété ; il ne parvenait pas à rassembler ses pensées, ses souvenirs ; il y avait un gros nuage entre l’univers et lui. Sa première idée fut de se croire à Goerlitz, dans son jardin, sous un berceau de chèvrefeuille ; il fut tenté de s’écrier : « Ada, apporte-moi mes pantoufles et va-t’en bien vite à l’imprimerie dire à ces paresseux qu’ils m’envoient