Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fois les mêmes choses ; cela n’avance à rien, mais cela soulage. M. de Miraval, qui prenait rarement les choses au tragique, s’appliquait à consoler la comtesse ; elle était inconsolable.

« En bonne foi, disait-elle, pouvez-vous espérer que j’envisage de sang-froid la perspective d’avoir pour bru une créature sortie on ne sait d’où, la fille d’un homme taré, une demoiselle de rien, qui a épousé un homme de peu et qui s’en est séparée pour aller courir la bague à Paris, une femme dont le nom a traîné dans la Gazette des tribunaux, une femme qui décrit des brouillards, qui compose des sonnets et qui, j’en suis certaine, a eu dix aventures au moins ?

— Je ne sais pas si le compte y est, répondait le marquis, mais il est certain qu’on a dit longtemps avant nous que les êtres les plus dangereux de cet univers sont les serpents à sonnettes et les femmes à sonnets. Il y a dix à parier contre un que celle-ci est une intrigante et que voilà une affaire bien désagréable.

— Horace, désolant Horace, s’écriait la comtesse, quel chagrin tu me causes ! Ce cher garçon a le cœur le plus noble, le plus généreux ; par malheur, il n’a jamais eu le sens commun ; mais pouvais-je m’attendre ?…