Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/71

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Penneville me charge de t’annoncer que son grand-oncle, le marquis de Miraval, arrivé hier de Paris, lui a témoigné le désir de t’être présenté, et qu’il l’amènera aujourd’hui à deux heures précises. Tu sais qu’il est sujet au coup de cloche.

— Qui l’empêchait de venir nous l’annoncer ?

— Apparemment il a craint de te déranger et peut-être aussi de se déranger lui-même. Dans les existences bien ordonnées, la première règle est de travailler jusqu’à midi. »

Mme Corneuil fit un geste d’impatience.

« Qui est donc ce grand-oncle ? Jamais Horace ne m’en avait parlé.

— Je le crois sans peine. Il ne te parle jamais que de toi, ou bien de lui… ou bien de l’Égypte, ajouta-t-elle.

— Et s’il me plaît qu’il m’en parle ! répliqua Mme Corneuil avec hauteur. Est-ce encore une épigramme ?

— Me juges-tu capable de faire des épigrammes contre ce cher et beau garçon ? reprit vivement Mme Véretz. Je l’aime déjà comme un fils. »

Mme Corneuil était devenue pensive.

« J’ai fait cette nuit de mauvais rêves, dit-elle. Vous vous moquez de mes rêves, car vous aimez à vous moquer de moi. Voyez pourtant !… En venant