Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/84

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et, comme elle avait l’esprit des affaires et l’amour des détails, elle lui adressa force questions sur son arrondissement électoral, sur les chances de son élection. Le marquis, un peu embarrassé, y répondit de son mieux. Il ne put se tirer d’affaire qu’en détournant le propos et en faisant à cette curieuse une ample description de son château, qui sans contredit en valait la peine, mais où il n’allait guère. Les renseignements minutieux qu’il lui fournit touchant ses terres et leurs revenus n’étaient pas de nature à refroidir l’intérêt qu’elle commençait à lui porter.

Pendant ce temps, Mme Corneuil arpentait une allée du jardin avec Horace, qui ne s’apercevait pas qu’elle avait les nerfs fort excités et un peu orageux. Il y avait un certain nombre de choses dont le comte de Penneville ne s’apercevait presque jamais.

« Dieu ! quel beau temps ! lui disait-il. Le beau ciel ! le beau soleil ! Ce n’est pourtant pas le soleil de là-bas. Quand le reverrons-nous ? Oh ! là-bas, la-bas, comme dit Mignon. Vous me chanterez ce soir cette chanson ; personne ne la chante comme vous. Ce parc ne m’a jamais paru si vert. Il faut convenir que la verdure a du bon, quoique je m’en passe à merveille. J’ai connu un voyageur