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TEMPLE SAINT-JEAN.

gallo-romaine où l’on bâtissait encore des monuments importants romano more.

Nous avons lu, dans le recueil manuscrit de D. Fonteneau (nous ne citons point la page, mais le fait est exact), une note qui autoriserait à croire que le temple de Saint-Jean fut construit avec les débris mêmes de l’amphithéâtre romain.

Or, nous l’avons dit à propos de ce monument, ce fut vers le VIe siècle que dut être consommé cet acte de destruction, impossible tant que le peuple-roi, ses jeux et même le souvenir de sa grandeur pesèrent sur les vaincus, mais qui devint facile au moment où la décadence de l’empire romain réveillait, avec des idées d’indépendance nationale, le mépris qu’une religion nouvelle vouait aux temples des faux dieux et aux arènes, où avait été versé depuis si longtemps le sang de ses martyrs.

L’œil le moins exercé s’aperçoit, quand on entre dans le temple, qu’il est composé de pièces de rapport, de chapiteaux en complète inharmonie avec les fûts des colonnes qui les supportent, et qui ont dû nécessairement être enlevés à un monument d’un style et d’un goût plus purs, pour orner les murailles nues d’un monument usurpateur.

Cette observation, justifiant au besoin la note du savant bénédictin, sape par sa base le système qui consacre à Varenilla un tombeau que nos pères n’ont point élevé pour elle. Et, en effet, ce tombeau eût été construit à une époque où le goût et l’observation des règles de l’art étaient encore en vigueur, — IIIe siècle — et il n’eût pas manqué, dès lors, de présenter, dans son ensemble et dans ses détails, un caractère d’accord avec les exigences de l’art romain.

D’ailleurs, les signes du christianisme brillent là dans toute leur splendeur, non-seulement sur le fronton méridional, décoré de la croix du Christ, mais encore sur les chapiteaux près de l’abside, qui sont ornés du poisson symbolique (ἰχθυς, monogramme de Ιησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υἱὸς Σωτήρ).