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ÉGLISE CATHÉDRALE DE SAINT-PIERRE.

licisme savait si bien taire tourner au profit de ses utiles enseignements.

Pénétrons maintenant dans l’intérieur du temple : arrêtons-nous un instant sur la première marche de l’escalier qui nous conduit à la nef latérale.

Admirons le magnifique effet de ces voûtes, de ces arcs, de ces nervures, qui se croisent, se brisent, s’enchevêtrent sans confusion, de ces piliers semblables aux arbres d’une forêt de palmiers, entre lesquels circule l’air, contre lesquels se brisent les rayons étincelants ou amortis du jour, pour produire, au travers des vitraux colorés, leurs effets de lumière variés.

Complétons cet examen du premier coup d’œil, en nous plaçant sous la voûte en coquille qui supporte le buffet d’orgue. Peut-être avez-vous visité bien des cathédrales ; vous avez dû en voir de plus somptueusement décorées, de plus riches par les détails et la profusion des ornements : vous n’en avez pas trouvé qui eussent un caractère plus majestueusement grandiose.

Ce caractère, que personne ne lui contestera, notre église de Saint-Pierre le doit à la sobriété de ses décorations, à l’élévation inusitée des voûtes de ses bas-côtés, aux proportions gracieuses de ses piliers, sveltes malgré leur puissant diamètre ; enfin à cet artifice de construction trop habile pour être purement symbolique, qui, en diminuant la largeur des nefs vers le chevet, en même temps que s’abaissent brusquement les voûtes, ajoute à la fuite des lignes et à la profondeur de la perspective.

Cependant elle ne fut pas toujours aussi nue, aussi dépouillée.

Avant la dévastation que lui fit subir le protestantisme (1562), elle montrait avec orgueil ses nombreux autels, ses tableaux, son jubé : alors, et depuis encore, les tombeaux richement sculptés et les pierres funéraires où se gardait la mémoire de ses pontifes, les peintures brillantes qui couvraient les parois de ses hautes murailles : tout cela a disparu successivement dans des jours