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RUE DE L’INDUSTRIE. — LE JÉSU.

ni les raisons de charité fraternelle que le R. Père pourrait invoquer en faveur d’un obligeant silence, nous vous affirmerons qu’il est complétement innocent de toutes ces choses regrettables, dont il faut laisser l’entière responsabilité à ceux qui, dans l’exécution, ont modifié des plans irréprochables.

Et pourtant, malgré tout cela, n’est-il pas vrai que cette chapelle offre un aspect d’ensemble qui plaît à l’œil et qui satisfait le goût, et que, lorsqu’on pénètre dans le détail de ses diverses parties, son agencement apparaît merveilleusement approprié à la destination spéciale à laquelle elle est affectée ?

Au sortir de la chapelle du Jésu, suivons à droite. À l’extrémité de notre rue de l’Industrie, nous retrouverons celle de la Mairie. La maison de notre éditeur en forme l’angle. Tout près de là existait un portail assez remarquable par ses sculptures. C’était le portail d’entrée de l’hôtel de la Juridiction consulaire, juridiction équivalente au tribunal de commerce actuel. Ce portail, transféré, en 1848, au parc de Blossac, a été démoli en 1858, et les statues qui le couronnaient sont aujourd’hui déposées au musée des antiquités, où nous les verrons bientôt.

M. Létang, notre éditeur, n’a pas voulu suivre son vieux voisin dans les hasards de son pèlerinage ; il est demeuré fidèle à son no 6, et il a bien fait : car, si le sort du libraire eût été lié au sort du pauvre monument, au lieu d’un magasin brillant et achalandé, ce ne serait pas seulement une échoppe misérable et déserte qu’il tiendrait aujourd’hui, il serait, lui aussi, complètement ruiné.

La maison voisine, coupée en 1851 par l’établissement de la rue de l’Industrie, était, sous M. de Blossac, l’Hôtel de l’Intendance, qui n’avait point de local officiellement affecté aux besoins du service et de l’administration. Il est vrai que l’on faisait beaucoup moins de paperasserie qu’aujourd’hui, et voilà pourquoi, sans doute, aujourd’hui il faut des palais dont on critique la magnificence, dont on regrette surtout le prix qu’ils coûtent,