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Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/345

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SAINT-HILAIRE-LE-GRAND.

auparavant, dans la nef, et qui avaient enterré à près de deux mètres de profondeur les bases des colonnes, ont été enlevés, et cette opération préliminaire, accompagnée de reprises indispensables, a déjà restitué aux diverses parties du temple encore debout le caractère de sa construction primitive. À cette époque, des sculptures de divers âges, des tombes, des inscriptions, des peintures précieuses, des mosaïques fort anciennes ont été trouvées dans le sol ; puis les peintures murales que couvrait le badigeon des siècles ont remis en lumière les imitations d’agate et de marbre des colonnes, les grandes figures de saints personnages dessinées sur les pilastres ; en un mot, tout ce luxe d’ornementation intérieure que le facile pinceau des imagiers du moyen âge jetait avec tant de profusion sur les murs, trop nus à leur gré, de leurs vastes basiliques.

En 1838, les deux grands oculus ouverts à l’extrémité des deux transsepts ont été remplacés par des baies romanes du genre de celles qui les éclairaient autrefois ; 19 fenêtres, misérablement murées, ont été ouvertes et vitrées, et les chapelles indignement mutilées ont été refaites, tandis qu’à l’extérieur, la toiture recevait une monumentale restauration qui produit à l’œil le meilleur effet.

Devait-on en rester là ? Le zèle et le dévoûment qui avaient fait ces choses pouvaient-ils s’arrêter en chemin ? Non.

Et quant à nous, avec la même énergie que nous avions mise à répudier pour notre saint évêque de Poitiers l’hommage devenu si trivialement commun d’une statue publique, nous faisions appel à la piété des fidèles, au bon goût des artistes, au patriotisme de tous, afin qu’on rendît au grand docteur de l’Église, qui honore et protège la cité, le monument que nos pères avaient fait digne de lui.

« Les temps sont difficiles, nous le savons », disions-nous en 1867 ; « les sacrifices nécessaires s’imposent nombreux, pressants, sous mille formes, c’est encore vrai, et nous ne sommes plus aux jours de foi où l’enthousiasme des