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CIVRAY. — CHARROUX.

On prétend bien déjà qu’il doit être le maître à peu près absolu de choses que nous regardons, nous, comme n’étant nullement de son domaine !

Civray. — Tous les antiquaires connaissent, au moins d’après des dessins, la magnifique façade de l’église de Saint-Nicolas de Civray, qui mérite à tous égards la réputation qu’on lui a faite et la protection particulière dont elle a été l’objet de la part du gouvernement, lequel n’a pas reculé devant la démolition et la reconstruction pierre par pierre de ce curieux spécimen de l’art roman.

Cette église déjà placée, dès le 28 octobre 1119, sous le vocable de Saint-Nicolas, dont vous verrez la statue et la légende figurer à la place d’honneur, en regard de la statue équestre qui servira pendant longtemps encore de texte aux dissertations des savants, est due, selon nous, à Othon, fils de Henri II, duc de Bavière et de Saxe, et de Mathilde, fille de Henri II d’Angleterre, et, par conséquent, petit-fils par sa mère de notre Aliénor d’Aquitaine, empereur sous le nom d’Othon IV. La puissance de ce prince expliquerait seule, à notre avis, la construction d’un monument aussi grandiose dans une terre qui était primitivement de fort peu d’importance.

Charroux. — À peu de distance de Civray, se trouvent les restes de l’antique abbaye royale de Charroux fondée par Charlemagne et Roger, comte de Limoges. Ce fut, au moyen âge, une puissance par ses richesses et les possessions considérables qu’elle comptait jusqu’en Angleterre. Son église répondait à cette situation, et elle est citée dans tous les ouvrages spéciaux pour sa forme peu commune, qui en faisait une sorte de copie de celle du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Elle a été démolie à la suite de la Révolution, et il n’en reste plus que le sanctuaire dont la coupole, supportée par les huit piliers qu’elle couronne, brave encore, debout et d’aplomb comme aux jours de sa splendeur, les outrages des hivers, et offre l’aspect le plus curieux.