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L'HÔTEL DE VILLE.

sentiment de la nationalité française, à laquelle il les rattachait par une concession politique faite à propos, au lieu de leur imposer la dure loi d’un vainqueur.

On possède la liste complète et sans lacune des maires depuis Robert-Régnault (1213-1215) jusqu’à nos jours ; mais, dès 1199, il y avait un maire et il se nommait Soronet.

Cette liste comprend 409 maires, savoir : 379 élus et réélus suivant le mode primitif (de 1213 à 1692 et de 1718 à 1769) ; 3 maires perpétuels (de 1693 à 1717), en vertu de l’édit de Louis XIV, qui, en 1692, rendit ces fonctions héréditaires et vénales ; 2 nommés par le roi (de 1773 à 1790) ; 5 élus suivant les formes prescrites par la loi du 14 décembre 1789 ; 4 présidents de l’administration municipale, et 16 nommés par le chef du gouvernement.

La noblesse avait été accordée aux maires et échevins de la ville de Poitiers dès 1372 par le roi Charles V. C’était une juste récompense des services rendus par les hommes auxquels étaient déléguées ces rudes fonctions, à une époque où il fallait joindre à l’énergie du caractère l’influence qui ne s’acquérait que par une supériorité bien justifiée, et où la responsabilité était si lourde, que quelques-uns durent payer de leur tête le trop dangereux honneur de commander aux autres. Aujourd’hui, Dieu merci, on ne va pas si loin. Mais si nous disions que la récompense se mesure aussi à l’étendue de la responsabilité, on nous accuserait sans doute de surfaire, par système, le mérite des temps passés, et d’amoindrir la valeur réelle de la distinction personnelle que les chefs de nos grandes cités emportent presque toujours aujourd’hui dans leur retraite.

Certes, nous n’entendons point prétendre que nos mœurs actuelles, imprégnées de principes tout opposés à ceux des siècles écoulés, pussent se prêter à faire revivre ce qui est mort ; mais nous estimons que les véritables penseurs ont le droit de regretter tout ce qu’il y avait de bon dans ce que l’on a tué. Or, la distinction