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Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/72

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SAINT-NICOLAS.


Saint-Nicolas. — En quittant la place d’Armes, dirigeons-nous par l’angle sud-est dans la rue de la Lamproie ; puis, à quelques pas plus loin, en suivant la rue d’Évreux, dont l’écriteau a été un peu tard orthographiquement rectifié par l’intervention municipale, nous nous trouverons bientôt à l’hôtel de la Lamproie. Nous y touchons, là, sur la main droite. Pénétrons dans cette cour, qu’une grande porte toujours ouverte semble nous solliciter de visiter à loisir.

Au fond, n’apercevez-vous pas des colonnes supportant une voûte hémisphérique noircie par le temps ? L’une d’elles ne remplit plus depuis de longues années déjà son rôle préservateur ; se serait-elle affaissée sous le poids du lourd fardeau qui la pressait ? Non ; les architectes du XIe siècle bâtissaient solidement ; ils bâtissaient pour eux et pour nous, ingrats, qui n’avons pas su respecter leurs œuvres.

Vous voyez bien que ce sanctuaire d’un temple chrétien devenu ce que vous le voyez aujourd’hui devait être nécessairement mutilé.

Dans une remise, il faut pouvoir faire entrer une voiture ; or, l’entre-colonnement de l’abside de la vieille église de Saint-Nicolas n’ayant pas la voie, force a bien été de couper une colonne et de lui substituer les étais horizontaux qui la remplacent aujourd’hui et qui produisent un si bon effet. Hâtons-nous de dire que cette mutilation n’est pas l’œuvre des propriétaires actuels de l’hôtel, ils ne l’eussent pas commise.

Cette ruine est tout ce qui reste de la collégiale de Saint-Nicolas, fondée, avant 1030, par Agnès de Bourgogne, troisième femme de Guillaume le Grand, comte de Poitou, qui la dota et y plaça douze chanoines. Cette collégiale ne fut pas longtemps florissante ; des désordres graves forcèrent le pape Urbain II à la supprimer par Bulle du 16 novembre 1093, et à disposer de ses biens en faveur de l’abbaye de Montierneuf, qui avait elle-même été fondée, comme nous le verrons plus tard, par le fils d’Agnès.