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L’AMPHITHÉÂTRE ROMAIN.


Après des fortunes diverses, devenu, comme nous l’avons dit, la propriété de l’abbaye de Nouaillé, il fut cédé avec ses dépendances par bail emphytéotique du 16 avril 1757, et il appartenait en dernier-lieu, par suite d’échanges, aux hospices de Poitiers.

Sauf quelques formes de langage que nous avons dû adapter à ce qui n’est plus, les pages qui précèdent reproduisent la description de ce qui était encore au moment où nous écrivions notre première édition, et nous terminions ainsi :

« Serait-ce une pensée téméraire que d’espérer, pour ce monument, désormais, une protection plus efficace, qui servirait utilement les intérêts des pauvres ? Conserver à la ville de Poitiers l’un de ses plus anciens titres de gloire, c’est lui conserver aussi le seul attrait qui puisse, ainsi que nous l’avons déjà dit, solliciter la curiosité de ces touristes intelligents, dont la présence est semblable aux pluies fécondantes qui laissent partout où elles tombent les traces de leur action bienfaisante. »

Ceci s’écrivait en 1851.

En 1857, l’administration des hospices vendait, au prix de 100 000 fr., la portion de l’amphithéâtre qui lui appartenait, à une compagnie qui, après la complète démolition du vieux colosse, construisait à sa place le marché dit de Saint-Hilaire, inauguré le 17 mars 1859.

N’y avait-il aucun moyen de concilier les intérêts du présent avec ce que nous regardions comme un intérêt de premier ordre aussi ?

Pas plus que les hommes d’intelligence et de cœur qui défendirent en vain, il y a quinze ans, une cause qu’on ne doit pas dire mauvaise parce qu’elle a été perdue, nous ne saurions admettre une telle impuissance.

Bornons-nous, après avoir constaté le devoir noblement rempli, en cette grave circonstance, par la Société savante que son nom seul « obligeait », bornons-nous à cette simple réflexion :