celle qui transporte un jeune homme qui a vu, un instant, une certaine expression sur un certain visage. Il devait soi-disant remplir le rôle de clown, mais il remplit aussi presque tous les autres, celui de l’auteur (pour autant qu’il y eût un auteur), du souffleur, du peintre, du décorateur, du régisseur, et, surtout, de l’orchestre. Au beau milieu de cette scandaleuse représentation, il se précipitait au piano, sans changer de costume, et attaquait quelque absurde mélodie populaire, appropriée à la situation.
Son meilleur moment — le meilleur moment de toute la soirée — fut lorsque la porte d’entrée s’ouvrit à deux battants, montrant le joli jardin éclairé par la lune, montrant surtout le fameux invité, le grand Florian, déguisé en policeman. Le Clown, au piano, joua le chœur des policiers dans les Pirates de Penzance, mais des applaudissements assourdissants couvrirent sa musique. Chaque geste du grand comique était une imitation merveilleuse, quoique discrète, de l’allure et des manières d’un policier. Arlequin sauta sur lui et le frappa sur le casque, tandis que le pianiste jouait : Où avez-vous pris ce chapeau ? Florian se retourna en simulant admirablement l’étonnement, et Arlequin le frappa de nouveau (le piano suggérant quelques mesures de : Alors nous en avons reçu un autre.) Puis l’Arlequin se jeta dans les bras du policeman et l’entraîna dans sa chute, au milieu des cris et des applaudissements. C’est alors que le grand acteur français créa cette célèbre imita-