air détaché, une grande partie des principes fondamentaux de son existence. Elle était une ouvrière moderne et aimait l’industrie moderne. Ses yeux noirs brillèrent d’un éclat de colère abstraite, lorsqu’elle parla de ceux qui méprisent la mécanique et réclament le retour d’une vie plus romantique. Tout le monde, dit-elle, devrait être capable de manier les machines, tout comme elle pouvait manier l’ascenseur. Elle sembla presque blessée que Flambeau prît la peine d’en ouvrir la porte devant elle, et le détective monta chez lui en songeant, non sans quelque regret, au caractère agressif de son indépendance.
Elle était certes d’un tempérament colérique, brusque et pratique ; les mouvements de ses mains fines et élégantes étaient parfois violents et même destructeurs. Un jour que Flambeau était entré dans son bureau, pour quelque travail de copie, il constata qu’elle avait jeté une paire de lunettes, appartenant à sa sœur, au milieu de la chambre et qu’elle l’avait piétinée. Elle s’était abandonnée au courant irrésistible de son éloquence, flétrissant ces « misérables subterfuges médicaux », et la reconnaissance morbide d’une faiblesse imaginaire qu’impliquait le port de lunettes. Elle mit sa sœur au défi d’apporter dorénavant au bureau un appareil aussi artificiel, aussi malsain. Elle demanda si l’on attendait d’elle qu’elle portât des jambes de bois, des faux cheveux, ou des yeux de verre ; et, tandis qu’elle parlait, ses yeux étincelaient comme le terrible cristal.