Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/66

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traîné un grand et gros cadavre sur le sofa, hier soir ? Il n’était pas entré dans le jardin, je suppose ?

— Entré dans le jardin ? répéta Brown pensivement. Non, pas tout à fait.

— Que diable, cria Simon, on entre dans un jardin ou l’on n’y entre pas.

— Pas nécessairement, dit le prêtre avec un léger sourire. Quelle est la question suivante, docteur ?

— Je suppose que vous êtes malade, cria Simon d’une voix brève ; mais je poserai la question si cela peut vous faire plaisir : Comment Brayne est-il sorti du jardin ?

— Il n’est pas sorti du jardin, dit le prêtre, en continuant à regarder par la fenêtre.

— Pas sorti du jardin ? s’indigna Simon.

— Pas entièrement, dit le Père Brown.

Simon brandit le poing, dans un accès de frénésie logique.

— On sort d’un jardin, ou l’on n’en sort pas, cria-t-il.

— Pas toujours, répondit le Père Brown.

Le médecin se leva furieux.

— Je n’ai pas le temps d’écouter vos absurdes commérages, cria-t-il. Si vous ne pouvez comprendre que si un homme n’est pas d’un côté d’un mur, il doit être de l’autre, notre conversation s’arrêtera là.

— Docteur, dit avec douceur l’ecclésiastique, nous avons toujours eu jusqu’ici d’excellents rapports. Au nom de notre vieille amitié, ne partez pas et posez-moi votre cinquième question.