Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/183

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Dimanche et ses plaisanteries à la fois si simples et si énormes qu’elles sont toujours incompréhensibles ? Y a-t-il rien de plus harmonieux avec le caractère étonnant de Dimanche que ce fait : introduire ses ennemis au Conseil suprême, en s’arrangeant de telle sorte que ce Conseil ne soit pas suprême du tout ? Je vous le dis, il a acheté tous les trusts, il a capté tous les câbles, il a le contrôle de tous les réseaux de chemins de fer et en particulier de celui-ci, continua Ratcliff en désignant d’un doigt tremblant la petite gare. C’est lui qui a tout mis en mouvement. À son ordre, la moitié du monde est prête à se lever. Il n’y avait peut-être que cinq hommes qui fussent capables de lui résister, et ce vieux Diable a réussi à les faire entrer dans son Conseil, afin qu’ils perdissent leur temps à s’épier les uns les autres ! Nous avons agi comme des idiots, et c’est lui qui nous a frappés d’idiotie ! Dimanche savait que le professeur donnerait la chasse à Syme à travers Londres et que Syme se battrait avec moi en France. Et il combinait de grands mouvements de capitaux, il s’emparait des lignes télégraphiques, pendant que nous autres idiots nous courions les uns après les autres comme des enfants qui jouent à colin-maillard !

— Eh bien ? demanda Syme, presque calme.

— Eh bien ! répliqua l’autre, soudainement serein, il nous trouve aujourd’hui, jouant à colin-maillard dans un champ d’une grande beauté