Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est pas mauvais de voir un brave homme ou deux, quand on est, peut-être, tout près de la mort.

Syme jeta un regard sur le mur et y vit une peinture religieuse, grossière et pathétique.

— Je suis de votre avis, dit-il.

Et aussitôt après :

— Quelqu’un s’occupe-t-il des chevaux ?

— Oui. J’ai donné des ordres en arrivant. Vos ennemis n’avaient pas l’air de se presser, mais, en réalité, ils vont très vite, comme des soldats bien exercés. Je n’aurais jamais cru qu’on pût trouver une telle discipline chez les anarchistes. Vous n’avez pas un moment à perdre.

Il parlait encore, que le vieil aubergiste aux yeux bleus et aux cheveux blancs rentra dans la pièce, annonçant que six chevaux étaient sellés et attendaient.

Sur le conseil de Ducroix, on se munit de quelques provisions de bouche et de vin. On garda les épées du duel, seules armes qu’on eût à sa disposition, et les fugitifs descendirent au galop la route blanche et abrupte.

Les deux domestiques qui avaient porté le bagage du marquis, quand il était encore marquis, restèrent à l’auberge, où ils purent boire selon leur inclination.

Le soleil descendait vers l’occident et à sa lueur Syme vit diminuer de plus en plus la haute stature de l’aubergiste qui les suivait du regard, immobile