Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/227

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même cab, à Victoria, idée qui ne rallia pas la majorité. On prit une voiture à quatre roues. Bull était assis à côté du cocher et chantait.

Cette journée du retour s’acheva dans un hôtel de Piccadilly Circus : ainsi, les cinq membres du Conseil seraient prêts, le lendemain matin, pour le déjeuner de Leicester Square.

Mais, même arrivés à l’hôtel, ils n’étaient pas encore au terme de leurs aventures.

Bull, mécontent du parti que ses amis avaient pris d’aller se coucher sans plus attendre, était sorti de l’hôtel, vers onze heures, pour voir et goûter quelques-unes des beautés de Londres. Vingt minutes après, il rentrait et faisait un vacarme de tous les diables dans le vestibule. Syme essaya de le calmer, mais ne put s’empêcher d’écouter avec beaucoup d’attention ce qu’il prétendait avoir à dire :

— Je vous affirme que je l’ai vu ! répétait Bull avec une lourde énergie.

— Qui ? demanda Syme, le Président ?

— C’est moins grave que cela, répondit Bull avec un rire dont il aurait pu se dispenser, c’est moins grave que cela : je l’ai vu et je l’ai amené ici.

— Mais qui donc ? demanda Syme, impatient.

— L’homme chevelu, répondit l’autre, lucide, ou, du moins, l’homme qui était chevelu, Gogol ! Le voici.

Et Bull tirait par le bras un jeune homme qui faisait de vains efforts pour se dérober à l’étreinte du solide petit docteur.