Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/242

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— Regardez ! fit soudain Syme, regardez là-haut !

— Regarder quoi ? demanda le secrétaire, hargneux.

— Le ballon captif ! dit Syme, qui montrait le ciel avec un geste frénétique.

— Et pourquoi regarderais-je le ballon captif ? Qu’a-t-il de particulier, ce ballon captif ?

— Rien, répondit Syme, excepté qu’il n’est pas captif.

Ils considéraient tous le ballon gonflé, qui se balançait au-dessus de l’Exposition comme un ballon d’enfant, attaché à sa ficelle : une seconde, puis le fil fut coupé juste au-dessous de la nacelle, et le ballon libéré s’envola, léger comme une bulle de savon.

— Par les dix mille diables ! hurla le secrétaire, il y est monté !

Et il montrait le poing au ciel.

Emporté par le vent, le ballon passa au-dessus d’eux, et ils purent voir la grande tête blanche du Président qui les saluait avec bienveillance.

— Ma parole ! dit le professeur, sur ce ton pleurard de petit vieux, auquel sa figure parcheminée et sa barbe blanche l’avaient condamné à perpétuité, ma parole ! il me semble que quelque chose est tombé sur mon chapeau !

Il porta une main tremblante à ce chapeau et y trouva un bout de papier roulé, et, dans ce papier, un nœud d’amour avec ces mots : « Votre beauté