Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/83

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Si de ce col avait surgi une tête de chat ou de chien, le contraste n’eût pas été plus déconcertant.

Cet homme, paraît-il, se nommait Gogol. Il était polonais et, dans ce cycle des jours de la semaine, portait le nom de Mardi. Sa physionomie et son langage étaient incurablement tragiques, et il n’était point en état de jouer le rôle frivole et joyeux que lui imposait Dimanche. Justement, comme Syme entrait, le Président, avec ce mépris audacieux de la suspicion publique dont il avait fait un principe, était en train de railler Gogol, lui reprochant d’être réfractaire aux manières et grâces mondaines.

— Notre ami Mardi, disait le Président de sa voix profonde et calme, ne saisit pas bien mon idée. Il s’habille comme un gentleman, mais on voit qu’il a l’âme trop grande pour se tenir comme un gentleman. Il ne peut renoncer aux attitudes des conspirateurs de mélodrame. Qu’un gentleman coiffé du haut-de-forme, vêtu de la redingote classique, se promène dignement dans Londres, personne ne soupçonnera en lui un anarchiste. Mais si, tout bien mis qu’il soit, il se met à marcher à quatre pattes, alors, certes, il attirera l’attention. C’est ce que fait le frère Gogol. Il a mis une si profonde diplomatie à marcher à quatre pattes qu’il éprouve maintenant une réelle difficulté à se tenir sur ses pieds.

— Che ne suis bas habile à me téguiser, fit