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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/141

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d’autres personnes se livrent, à la même heure, à la même occupation mystérieuse. Vous ne pensez jamais que c’est une peine inutile ; vous ne vous plaignez jamais que ce soit toujours la même chose. Et vous vous proclamez un révolutionnaire, et vous vous glorifiez de votre cravate rouge !

— Il y a du vrai dans ce que vous dites, répondit Braintree, mais dois-je en conclure que c’est votre unique raison pour retarder l’heure fatale où vous abandonnerez ce fantastique accoutrement ?

— Pourquoi qualifiez-vous mon vêtement de fantastique ? Il est beaucoup plus simple que le vôtre ; il s’enfile par dessus la tête et ça y est. De plus, il a toutes sortes de qualités pratiques qu’on ne découvre qu’après l’avoir porté un jour ou deux. Par exemple — il regarda le ciel en fronçant le sourcil — il peut se mettre à pleuvoir ; il peut faire froid tout d’un coup, ou du vent. Que ferez-vous alors ? Tous, vous ferez un bond jusqu’à la maison et vous reviendrez avec une cargaison de choses pour les dames, peut-être avec un de ces grands parapluies horribles qui vous obligera à marcher comme un Empereur de la Chine sous son dais ; peut-être avec une série de châles, d’imperméables et de choses encombrantes. Mais neuf fois sur dix, dans nos climats, on n’a besoin que de se couvrir un peu la tête ; vous faites simplement ceci — il rabattit le capuchon qui pendait entre ses épaules — et le reste du temps vous pouvez appartenir à la confrérie des sans-chapeaux. Savez-vous, ajouta-t-il brusquement et d’un ton plus bas, il y a quelque chose de très satisfaisant à porter un capuchon… quelque chose de symbolique. Je ne suis pas surpris que le nom du grand héros du moyen âge soit devenu Robin Hood, Robin au Capuchon.