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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/180

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remarquer la scène singulière qui l’environnait. Il se crut tombé d’une autre planète, apparu dans ce milieu antique comme le Yankee à la cour du Roi Arthur.

— Je les ai dans le cab, expliqua-t-il, je suis presque sûr que c’est cela qu’il vous fallait… Dites, Olive, est-ce que votre pièce dure encore ? Nous retournons à Mathusalem, hein ? Je savais que votre plume était féconde, mais tout de même, une comédie qui dure un mois…

— Ce n’est pas une comédie, répondit-elle d’un air imperturbable. C’est bien ainsi que cela a commencé, mais nous ne jouons plus.

— J’en suis fâché, dit-il. Je me suis bien amusé moi aussi, mais j’ai fait des choses sérieuses également. Le Premier Ministre est-il là ? On m’a dit qu’il allait venir, et je serais bien aise de le voir.

— Oh ! je ne peux pas vous raconter tout à la fois, s’exclama-t-elle avec une sorte d’impatience ; ne savez-vous pas qu’il n’y a plus de Premier Ministre ? C’est le Roi d’Armes qui gouverne tout aux alentours.

Et elle fit des gestes désespérés vers ce potentat, qui occupait toujours son siège élevé, sans doute parce qu’il avait oublié d’en descendre. Le même motif l’avait jadis retenu au sommet de la bibliothèque.

Douglas Murrel prit tout cela avec plus de philosophie qu’on n’aurait pu s’y attendre ; peut-être se rappelait-il l’incident de la bibliothèque. Mais son attitude envers le monarque médiéval fut scrupuleusement correcte. Il s’inclina légèrement, puis opéra un plongeon dans l’intérieur du hansom-cab, et en sortit tenant d’une main un paquet informe et de l’autre son chapeau. Il éprouvait quelque difficulté à