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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/234

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dirigea à grandes enjambées vers l’endroit où Olive se tenait à côté du trône vide. Il lui posa les mains sur les épaules et dit :

— Il m’est très doux de penser que nous voilà réconciliés malgré tout.

Elle le regarda sans bouger, avec un lent sourire :

— Il est affreux de penser que je sois contente de la rupture qui cause la… la réconciliation.

— Vous me pardonnerez de n’en sentir que la joie, répondit-il ; il faut être pour moi si on est de son parti — c’est-à-dire, si on en est réellement, comme vous.

— Je trouvais si dur de n’être pas de votre parti, surtout quand c’était le parti vaincu.

— On verra bien maintenant si ce ne sera pas le gagnant. Je puis vous affirmer que cette aventure a rendu du cœur à tous les miens. Je sens que j’ai renouvelé ma jeunesse comme celle de l’aigle. Seulement, ce n’est pas M. Herne qui a fait ce miracle.

Elle parut embarrassée, et dit en hésitant :

— Je suppose qu’un autre va diriger le groupement ?

— Au diable le groupement ! fit Braintree. Vous ne supposez pas, voyons, que nous ayons été battus par une organisation ? Nous avons été battus par un homme, et par des hommes qui étaient prêts à le suivre. J’ai dit que je n’avais pas peur des haches d’armes et des arcs du XIVe siècle ; et je les crains encore moins brandis par le vieux Seawood. Oh ! oui, je pense bien qu’ils vont continuer leurs représentations ! Nous aurons le plaisir d’avoir les oreilles rebattues de Sir Julian Archer, l’illustre Lord Grand Arbitre, le Roi d’Armes universellement populaire. Mais ne nous faites-vous pas confiance, et ne nous