fets qu’a produits quelquefois la concurrence, lorsqu’elle est devenue acharnée. Tout en démontrant que les bons effets permanents et généraux de la concurrence compensaient mille fois ces accidents funestes, les hommes qui font autorité en économie politique ont gémi sur toutes ces douleurs et toutes ces ruines. Et ils ne se sont pas contentés de gémir ; ils ont enseigné que la pratique d’une certaine vertu, que l’économie politique n’a point par elle-même la puissance d’inculquer aux hommes, mais qu’elle suppose en eux, pouvait, dans une forte mesure, parer à ces échecs et à ces souffrances. Cette vertu est la prévoyance qui peut s’exercer solitairement, individuellement, qui peut aussi agir par la méthode collective, et qui alors a de grands succès. Comme correctif de l’isolement absolu et des écarts de l’intérêt personnel, l’économie politique a signalé aux hommes le bien qu’ils avaient à attendre de l’association. Les maîtres de la science ont décrit les formes que l’association pouvait prendre pour subvenir à divers besoins et soulager diverses souffrances. Ils ont distingué l’association pour la production, l’association pour la consommation, l’association pour l’épargne, et ils ont fait ressortir la puissance de la solidarité sous ces différents aspects. L’un des derniers travaux économiques de l’homme illustre, si glorieusement mort il y a quelques mois, auquel j’ai eu l’honneur de succéder dans cette chaire, était consacré précisément à exposer les vertus de l’association pour l’amélioration des classes ouvrières[1].
Une des meilleures définitions qui pourraient être données de l’économie politique serait de dire que c’est l’application des principes généraux du droit public, existant et reconnu, à l’échange des produits et des services entre
- ↑ Notice sur Malthus insérée en tête des œuvres de celui-ci dans la grande collection Guillaumin.