Page:Chevalier - L'Economie politique et le socialisme, 1849.djvu/26

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lui. Et surtout vous ne pouvez supprimer le capitaliste sans que le capital disparaisse en même temps. Abolissez la propriété des capitaux, la propriété individuelle, et vous tarissez à l’instant même la source d’où les capitaux sont sortis ; vous brisez l’aimant qui attire et retient les parcelles de cette substance indispensable au bien-être des hommes et à la puissance des États.

L’économie politique jusqu’ici a eu peu de vogue en France, et au contraire, les systèmes qui lui ont fait la guerre ont trouvé facilement des adhérents ardents et sincères et nombreux, même parmi les classes qui reçoivent une éducation soignée. Ce n’est pas un effet sans cause.

La nation française brille par l’éclat et la fécondité de son imagination : c’est le secret de ses triomphes dans une glorieuse carrière, celle des lettres et des arts. C’est une des causes de l’ascendant qu’elle a exercé tant de fois dans le monde. C’est sa force, mais c’est aussi, malheureusement, sa faiblesse. Elle a la passion du merveilleux. Le soudain et l’imprévu la charment et l’entraînent. Elle aime à procéder à ses évolutions par la méthode des changements à vue. Or précisément l’économie politique est une des branches de l’arbre des connaissances humaines où l’imagination a le moins de place. Elle se méfie du merveilleux et le repousse : elle traite par le procédé d’une froide analyse les importantes questions qui sont plus particulièrement de son ressort, celles qui touchent à la condition matérielle des hommes et à la richesse des sociétés.

L’économie politique ne fait aucun cas de la pierre philosophale et de la panacée, et chez nous, plus que chez d’autres peuples, on croit volontiers à ces merveilles.

Assurément, en ce moment-ci, les hommes ont cessé de croire qu’en manipulant le plomb et le cuivre dans un fourneau, l’on puisse les transmuter en or ; mais comme si, souvent, ce que nous appelons le progrès ne devait être