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les mains de l’immense majorité des habitants de la Grande-Bretagne proprement dite, des traités élémentaires, où sont résumées les idées fondamentales de l’économie politique. Ces éléments sont enseignés, dit-il, dans quatre mille écoles de la Grande-Bretagne. Ayant interrogé lui-même un grand nombre d’élèves, il a reconnu que des enfants de treize à quatorze ans avaient l’intelligence de cette science réputée si abstraite, et j’ajouterai à la louange de ce digne prélat qu’il a plus que personne contribué par ses efforts à populariser cet enseignement.

C’est par un ensemble de mesures de ce genre, messieurs, qu’on aide les sociétés à bien supporter le régime de la liberté, et que des gouvernements sages peuvent, autant qu’il appartient à des gouvernements, contribuer à mettre les intelligences à l’abri de doctrines fatales. Si j’avais à énumérer les causes politiques pour lesquelles la Grande-Bretagne, depuis un an, est demeurée impassible en présence des agitations du continent européen, je signalerais parmi les plus efficaces le fait cité par M. l’archevêque de Dublin au sujet de l’instruction publique : j’indiquerais, à plus forte raison, les efforts tentés avec une rare prudence et une rare décision par le gouvernement britannique pour mettre le régime du pays en harmonie avec les règles de l’économie politique.

En terminant, j’éprouve le besoin de le dire, vous remarquerez que si l’économie politique est incompatible avec les projets d’innovation téméraire, elle se garde bien de réprouver en soi l’esprit novateur. Il est des situations où, selon une pensée du chancelier Bacon, que j’ai déjà citée dans cette chaire, la première fois que j’y suis monté, il faut vouloir des remèdes nouveaux, sinon l’on n’a qu’à s’apprêter à des calamités nouvelles. Depuis 1789, la France, et à son exemple l’Europe, sont en enfantement d’une nouvelle forme sociale. Si donc on prononçait une condamna-