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CHAPITRE XV

Le nid du Corbeau


Les aboiements du chien la tirèrent de son sommeil réparateur. Elle ouvrit les yeux et vit Tom Slocomb qui, accroupi près du feu mourant, la considérait avec cette expression mélangée de curiosité et d’admiration peinte sur son visage depuis leur rencontre.

— Votre chat-sauvage grogne après quelque chose, dit-il ; mais n’ayez pas peur, ma belle. Personne ne peut mettre Tom Slocomb en défaut.

— Le chien est sagace, répliqua-t-elle, Ses manières m’apprennent qu’il y a un ennemi près d’ici.

— Comme je vous l’ai dit, je suis la ligne de division entre les races blanche et rouge. Je suis prêt à recevoir tous les partis. D’un côté, je me tourne vers l’indien, de l’autre vers le blanc, répondit le Corbeau avec calme.

— Mais moi, dit Sylveen, j’ai fort à craindre et dois compter sur votre protection. Je vous supplie de ne me céder ni aux visages pâles, ni aux Peaux-rouges sans mon consentement.

— Vous céder, ma charmante ! par le pôle nord, non. Si quelqu’un vient pour vous enlever, je lui servirai sa dernière maladie. Ah ! vous me verrez dans un combat ! Je suis une légion, une armée, un tremblement de terre de la force de quarante mille chevaux !

— Si le langage des chiens vous est familier, je suis sûre que