Page:Chevalier - Les Pieds-Noirs, 1864.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE IX

L’attaque


Kenneth arriva sur le théâtre de l’escarmouche, et se trouva placé près d’Abram Hammet.

— En vérité, dit le quaker, mon cheval respire le combat et ronge son mors. Je crains affreusement qu’il ne m’entraîne au milieu de la mêlée.

— Vous avez le poignet solide, répondit Kenneth, et il faudrait que votre bête eût la bouche bien dure pour que vous ne pussiez la maîtriser.

Pendant qu’il parlait, le cheval du quaker commença à ruer et à se cabrer ; puis, se dressant sur ses pieds de derrière en agitant la tête et ronflant bruyamment, se précipita, furieux, vers le bois qui s’élevait au pied de la colline.

— Il faut que je suive et sauve ce pauvre diable, dit Kenneth à Nick Whiffles, occupé à charger sa longue carabine.

Le malheur avait voulu que Hammet fût emporté par son cheval du côté où tiraient les Indiens et où était tombé Jules Legris. Kenneth pressa sa monture bouillante d’ardeur. Mais tous ses efforts pour rejoindre Hammet furent inutiles. Ils couraient l’un et l’autre avec la rapidité de l’éclair. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent dans le bois, le cheval d’Abram marchant en tête, à une distance assez grande. Comme les arbres étaient bas et touffus, Kenneth eut bientôt perdu de vue Hammet. Un coup de feu partit dans le fourré. Notre jeune homme pensa que c’en était fait du quaker. Néanmoins, il ne voulut, ni rester dans cette incertitude,