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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/106

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tèrent. Co-lo-mo-o crut y démêler du dédain, et son orgueil fut d’autant plus profondément froissé qu’il attribua à des plaisanteries dont il était l’objet la souriante gaieté de Léonie et de ses compagnons.

Si, au moment de l’incendie, la machine du navire n’eût cessé de fonctionner, il n’aurait, certes, pas quitté sa logette pour aller lui porter secours. Mais ses services devenant inutiles, il abandonna le gouvernail et songea à son salut personnel.

En fendant la presse, afin de sauter à l’eau et de gagner la rive à la nage, le hasard, plutôt qu’une intention de son esprit, le poussa vers Léonie, à qui la douleur arrachait des plaintes déchirantes.

Le Petit-Aigle fut ému par l’accent de ces plaintes. Il oublia son ressentiment : il saisit la jeune fille par la taille, il la lança dans le fleuve, s’y précipita derrière elle et la traîna jusqu’à la grève où les soins qu’exigeait son état lui furent prodigués.

Co-lo-mo-o, alors, jeta un coup d’œil étrange sur le navire qui achevait de se consumer, au milieu des gémissements, des clameurs des naufragés.

Il fit un mouvement comme pour se remettre à l’eau et revenir leur prêter son aide. Mais ce mouvement fut à l’instant réprimé.

— Non, murmura-t-il, Co-lo-mo-o ne serait pas le digne fils des Iroquois s’il assistait les ennemis de sa race !