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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/124

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La voiture sortit de la maison, enfila la rue de Bleury, tourna à droite, dans la rue Notre-Dame, et, parcourant toute la rue Saint-Joseph, arriva au bureau de péage (toll gate) du chemin de Lachine.

Ce chemin serpente sur des hauteurs, d’où l’on découvre le Saint-Laurent à gauche, dans une profonde et grasse vallée, à droite, des bois épais, entrecoupés par des jardins potagers et des champs.

Il est délicieux en été : le gazouillement des oiseaux, la riche floraison de la campagne, le parfum des fleurs, la gentillesse du paysage se combinent pour lui prêter des agréments.

Mais, au mois d’avril, il présente peu de séductions. La terre est nue, ou marquetée par des amas de neige et de glace qui ont résisté aux premières injonctions du soleil ; ou bien elle est à demi-noyée sous les eaux. Pas de feuillage chuchotant, pas de chanteurs ailés pour réjouir les yeux et les oreilles, pas de senteurs embaumées pour flatter l’odorat. Mais des arbres décharnés, squelettiques, ou quelques sapins aux sombres rameaux sur lesquels, seul, le grimpereau jette, en sautillant, son cri aigu, et l’odeur de la résine qui vous prend à la gorge.

Cependant, comme il faisait très-beau ce jour-là, Léonie avait voulu qu’on laissât ouvert un des vasistas de la voiture, afin de savourer, avait-elle dit, les douces haleines du printemps.

Le carrosse avait traversé les Tanneries, petit village à