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Xavier était très-brave. Un duel ne l’effrayait pas. Il détestait depuis longtemps sir William King, dont l’impertinente fatuité lui agaçait les oreilles, suivant son expression ; depuis longtemps aussi il ne négligeait aucune occasion de rabaisser sa morgue aristocratique.

Mais Xavier aimait sa femme ; il l’aimait passionnément. Et l’idée d’une rencontre, qui pouvait être mortelle, l’attrista un moment.

Il réfléchit durant une heure en se promenant dans son cabinet, puis il écrivit quelques lettres, traça au crayon cinq ou six lignes sur un carré de papier, le roula entre ses doigts, et monta à une volière qu’il entretenait sous les combles de sa maison.

Dans cette volière, une demi-douzaine de pigeons roucoulaient amoureusement. Xavier en saisit un, lui attacha le rouleau de papier au cou, ouvrit une lucarne, et lâcha l’oiseau, qui prit aussitôt son essor vers le Saint-Laurent.

Trois heures après, un homme de haute stature était introduit dans le cabinet de Cherrier.

— Comment, mon ami, dit-il, après lui avoir serré la main, vous voulez vous battre au moment où nous avons besoin de tous nos bras, de toutes nos intelligences ! C’est une sottise, pardonnez-moi ma rude franchise.

— Il m’était impossible de refuser, monsieur !

— Quel est votre adversaire ?

— Sir William King, un officier anglais.