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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/167

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— Ma mère, dit-elle, je vais suivre le Petit-Aigle ; venez avec moi ; partons ; je connais, parmi les Fransé[1] de Montréal, des chefs influents. Nous irons chez eux ; nous leur parlerons ; ils rendront la liberté…

Elle s’arrêta court, la pauvre enfant, et baissa les yeux.

Aux premiers mots, Ni-a-pa-ah avait haussé les épaules, ensuite elle s’était retournée lentement et avait repris le chemin de sa cabane, sans accorder un regard à la belle éplorée.

L’affliction chez nous efface les rangs, elle fait taire les inimitiés. Il n’en est pas de même chez les Peaux-Rouges. L’aversion subsiste à travers toutes les vicissitudes de la vie. Elle en dépasse les limites pour se transmettre, plante vénéneuse, vivace, indéracinable, de générations en générations.

La femme de Nar-go-tou-ké éloignée, Hi-ou-ti-ou-li reporta sur le fleuve ses yeux humides.

Le temps était fort clair et la vue embrassait les deux rives.

À ce moment, la Fauvette-Légère aperçut le bancal, qui se levait dans le canot et tombait sur Co-lo-mo-o.

Elle pressentit l’intention de Jean-Baptiste. Son cœur battit violemment. Les pleurs séchèrent sous sa paupière. Son regard doubla d’intensité.

  1. Les Indiens appellent ainsi les Canadiens-Français.